Ce sont deux parents et leurs deux enfants, âgés de douze et huit ans. Ils viennent d’Albanie. Ils sont arrivés à Notre-Dame du Rosaire samedi dernier, à la fin de la messe du soir. Le SAMU social s’occupe d’eux. Jusques et y compris nous l’espérons pour leur trouver rapidement un hébergement d’urgence. La barrière de la langue rend difficile pour nous le suivi de leurs démarches.
Sur le long terme, la conduite à tenir à leur égard est débattue. La question est difficile. Nous l’avons bien vu dans nos deux soirées de Carême sur les migrants : même au sein d’une communauté chrétienne les avis sont partagés. Et cela est normal. Chrétiens, nous sommes disciples de Celui qui nous a demandé de ne pas juger (Mt 7, 1). Nous ne sommes donc pas là pour nous décerner les uns aux autres des prix de bonne ou de mauvaise conscience.
Mais Chrétiens, nous sommes appelés à l’amour. Et sur le court terme, en attendant que ceux dont c’est le métier prennent en charge Bardhok, Valbona, Markel, Gerald et tant d’autres, nous sommes invités à être les prochains de cette famille, au sens de la parabole du Bon Samaritain (Lc 10, 36). Or cela, je le vois se déployer sous mes yeux avec émerveillement : chez celles et ceux qui multiplient les démarches en direction d’associations diverses, qui non contents de servir des repas au Relais le midi, reviennent leur cuisiner un plat chaud le soir, qui leur fournissent matelas, couvertures et vêtements, qui donnent de l’argent pour leur offrir, avec une nuit d’hôtel, l’occasion d’une bonne douche, qui activent leurs différents réseaux pour leur permettre la médiation de personnes parlant leur langue, ou encore qui prient pour eux.
Elle est vraiment belle, notre communauté, quand en actes, elle se montre disciple de son Seigneur. Quand en elle se déploie l’élan de l’amour. Que celui-ci grandisse encore et toujours, en particulier à l’égard des plus pauvres.
Père Emmanuel Tois