A ce stade de notre Carême, la liturgie nous place devant les dix Paroles de Vie. La première lecture, tirée du chapitre 20 du livre de l’Exode, nous les énonce : « Et Dieu prononça toutes les paroles que voici : »Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
Tu n’auras pas d’autres dieux que moi. Tu ne feras aucune idole (…)
Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal (…)
Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré (…).
Honore ton père et ta mère (…)
Tu ne commettras pas de meurtre.
Tu ne commettras pas d’adultère.
Tu ne commettras pas de vol.
Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient » ».
Peut-être avons-nous quelque réticence à nous approprier ces paroles. Elles sont certes le socle de la Loi de Moïse mais saint Paul ne nous a-t-il pas appris que seule la foi sauve, et non les œuvres de la Loi ? Pour autant ces paroles sont vraiment un chemin de vie. Pas seules, mais avec la grâce de Dieu, cette grâce « répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ », (Rm 5 , 15) et « qui rend praticables les commandements » (St Léon le Grand, Sermon pour le deuxième dimanche de Carême).
Ce dernier, celui en qui nous croyons, n’est pas venu abolir la Loi, mais l’accomplir (Mt 5, 17). Il est venu pour « que l’exigence de la Loi s’accomplisse en nous », enseigne le même saint Paul (Rm 8, 4). Mises en œuvre dans nos vies personnelles non pas avec la seule force téméraire de notre volonté, mais dans la liberté secourue par la grâce, ces dix paroles ne donneront plus à sentir la poussière des catéchismes d’antan, elles répandront dans nos vies la bonne odeur de Dieu. Elles sont assurément pour nous, au cœur du Carême, un vrai chemin de conversion.
Père Emmanuel TOIS