« Vraiment la vie de l’homme sur la terre est une corvée ! » (Job 7, 1 — première lecture). Le constat dépressif de Job peut nous paraître déroutant ! Encore n’entendons-nous ce dimanche que six petits versets d’un livre qui déploie cette amertume sur trente-quatre chapitres.
Si nous cherchons dans la Parole de Dieu un manuel de développement personnel, alors le livre de Job risque de nous décevoir. L’auteur biblique ne cherche pas à nous convaincre que tout va bien à force de se le répéter. Il nous confronte brutalement à la présence du mal dans le monde. L’intérêt de Job, c’est qu’il refuse les solutions de facilité. La première consisterait à s’en prendre à Dieu et par cynisme renoncer à une conduite intègre : « si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur ? » (Job 2, 10).
Face à la durée de la souffrance, Job se plaint devant Dieu, non pour le rendre responsable, mais pour exprimer son désarroi, comme on le ferait avec un ami. La véritable confiance en Dieu c’est de s’adresser à lui face à face : « Ceins donc tes reins comme un homme, je vais t’interroger, et tu m’instruiras » lui dit Dieu (Job, 40, 7) et Job lui répond : « daigne écouter, et moi je parlerai ; je vais t’interroger et tu m’instruiras » (Job 42, 4). Dieu et l’homme comme deux amis s’interrogent mutuellement.
Jésus, parole de Dieu fait homme, en proclamant l’évangile rend possible ce dialogue d’amitié : « car c’est pour cela que je suis sorti » (Marc 1, 39 — évangile de ce dimanche).

P. Vincent Thiallier