Il faut pas moins d’un pape théologien et d’un père de l’Eglise universellement connu pour décomplexer le prédicateur « de base » à l’approche de la fête de la sainte Trinité. Benoît XVI, pour qui « la doctrine trinitaire n’est possible que comme théologie contestée », et saint Augustin, dont on raconte que, se promenant un jour au bord de la mer, absorbé par une réflexion profonde sur la Trinité, fut tiré de sa cogitation par le manège d’un enfant. Celui-ci, ayant creusé dans le sable un petit bassin, allait et venait vers le bord de mer pour prendre de l’eau dans un coquillage et la verser dans son trou. Le jeu intrigua l’évêque, qui lui demanda :

– Que fais-tu là ?
– Je veux mettre toute l’eau de la mer dans mon trou.
– Mais, mon petit, ce n’est pas possible ! La mer est si grande, et ton bassin est si petit !
– C’est vrai. Mais j’aurai pourtant mis toute l’eau de la mer dans mon trou avant que vous n’ayez compris le mystère de la sainte Trinité.

Alors, qu’en dire ?

Au moins qu’il y a en Dieu trois personnes, et que chacune des trois personnes, Père, Fils et Esprit, est toute la divinité. Ces trois personnes sont distinctes par leurs liens, et par eux seuls. Ces liens sont « la bienheureuse et intime vie du Dieu trois fois saint », disait le bienheureux pape Paul VI. Une vie qui s’exprime par « les trois plus beaux noms que l’on puisse donner à Dieu », écrivait quant à lui le cardinal Journet : le nom fondamental d’Etre, révélé par Dieu à Moïse (« Je suis celui qui suis » [Ex 3, 14]) ; le nom de Lumière (« Dieu est lumière, il n’y a pas de ténèbres en lui » [1 Jn 1, 5]) ; le nom d’amour (« Dieu est amour » [1 Jn 4, 8]).

Ces noms caractérisent la vie de Dieu, et aident à comprendre que Dieu est unique car en trois personnes, il y a en Lui un seul foyer d’être, d’amour, de lumière ; ou, pour citer encore le cardinal Journet, « une seule puissance, une seule réalité d’amour, d’intelligence, un seul feu brûlant ». Bonne fête !

Père Emmanuel Tois