C’était il y a quelques semaines. Les obsèques d’un homme avaient été programmées pour le mercredi saint après-midi. J’avais donné mon accord sans prendre garde au fait qu’en raison du couvre-feu, la messe chrismale était avancée à 15h. Conflit d’agenda. Joint très vite, l’agent de pompes funèbres me fit cette magnifique réponse, alors que je l’obligeais à tout réorganiser : « je ne suis pas de la même confession que vous, mais j’ai compris qu’il s’agit d’une prière importante pour les prêtres. Si la famille est disponible, on va déplacer. J’y tiens ». Ce qui fut fait.
Vendredi saint, pour la première fois, un chemin de croix extérieur a été prié entre Notre-Dame du Rosaire et Notre-Dame du Travail. Compte tenu du trajet de ce chemin de croix (une bonne part de la rue Vercingétorix) et de sa tenue un vendredi, j’avais pris préalablement l’attache de nos amis de l’Association culturelle des musulmans du XIVe pour les avertir et leur expliquer ce que nous faisons. Il s’en est suivi, après Pâques, une nouvelle et chaleureuse rencontre, faite d’intérêt mutuel les uns pour les autres et de progrès dans la connaissance réciproque. J’ai ainsi pu mesurer, à travers le lien créé au jour le jour grâce notamment milieu associatif (je pense en particulier à la « maison de quartier » du Moulin, que nos amis connaissent bien), combien sont précieuses les petites pierres déposées au jour le jour pour construire l’amitié et la paix. Elles sont autant de miracles quotidiens qui conduisent à faire reculer ce qui pourrait diviser ceux qui sont pourtant invités à bâtir l’avenir ensemble.
Emmanuel Tois +