« Cette parole est rude, qui peut l’entendre ? (Jean 6, 60) » La remarque des disciples venant d’écouter Jésus dans l’évangile de saint Jean pourrait s’appliquer au discours sur la montagne que nous entendons ce dimanche. Elle est rude parce que Jésus nous place face à nos responsabilités. Toute l’histoire du salut, est une histoire de libération, mais être libre signifie assumer ses responsabilités.
Prenons le premier exemple qu’il donne : « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras pas de meurtre, et si quelqu’un commet un meurtre, il devra passer en jugement. Eh bien ! moi, je vous dis : Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal » (Matthieu 5, 21). Probablement n’y a-t-il que peu de criminels parmi nous. Sommes-nous quittes pour autant ? Et bien non ! Jésus remonte à l’origine du crime et il désigne la colère, l’insulte. Qui peut affirmer n’avoir jamais éprouvé la première ou prononcé la seconde ? Cette parole est rude, car nous voilà assimilés à des criminels, placés face à nos responsabilités.
Et en même temps cette parole de Jésus peut nous donner une liberté profonde. Par cette exigence, Jésus me permet de ne pas regarder les autres, les coupables, d’en haut pour les juger. Il me place au même niveau qu’eux, capable de me réconcilier. Or c’est ce que Dieu ne cesse de faire : nous réconcilier avec lui. En conclusion de cet ensemble du discours, au-delà du passage entendu ce dimanche, Jésus nous donne une exigence encore plus grande : « vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu 5, 48). Objectif inabordable ? Non, puisqu’en Jésus, la perfection de Dieu est venue jusqu’à nous.
P. Vincent Thiallier