J’entends encore, sans doute à la faveur de l’enregistrement maintes fois réécouté au cours de mon adolescence, la voix rocailleuse de saint Jean-Paul II prêchant sur le parvis de Notre-Dame de Paris, il y a trente-neuf ans, sur ce 21e chapitre de l’évangile selon saint Jean. Le pape disait de la cathédrale : « Ici, nous rencontrons le génie de la France, le génie qui s’est exprimé dans l’architecture de ce temple il y a huit siècles et qui est toujours là pour témoigner de l’homme. L’homme, en effet, à travers toutes les formules par lesquelles il cherche à se définir, ne peut pas oublier qu’il est, lui aussi, un temple : il est le temple où habite l’Esprit Saint. Pour cette raison, l’homme a élevé ce temple qui lui rend témoignage depuis huit siècles : Notre-Dame ».
Monseigneur Aupetit, j’ai repensé à ces paroles de saint Jean-Paul II lorsque, refusant de céder à la tristesse, vous avez dit qu’au fond votre cathédrale, c’était le peuple de Dieu, un peuple debout. Vous nous parlez d’un temple encore plus important que celui qui a brûlé. Bien que son cœur saigne avec le vôtre devant le désastre d’un incendie, ce peuple vous dit, ici à Notre-Dame du Rosaire, sa joie de vous accueillir en ce dimanche. Avec vous, il dit, devant le corps et le sang du Christ que vous allez élever sur l’autel : « c’est le Seigneur ». Avec vous, il répond « oui » à la triple question de Jésus à Pierre : « m’aimes-tu ? ». Avec vous, il vit la joie de Pâques, désireux de rebâtir l’Eglise pour vivre de manière renouvelée le « suis-moi » que Jésus nous adresse à nous aussi à la fin de l’évangile de ce dimanche.
Bienvenue à vous et merci d’être là.
Emmanuel Tois +