Depuis la fête de Pâques, nous avons entendu chaque dimanche les récits des apparitions du Ressuscité dans l’évangile selon saint Jean, aux dix apôtres puis à Thomas le deuxième dimanche puis au bord de la mer de Tibériade dimanche dernier. A partir de ce 4e dimanche nous revenons en arrière pour entendre quelques paroles de Jésus tirées du même évangile, que nous relisons à la lumière de sa résurrection. Nous commençons par un bref passage du chapitre 10, qui déploie le thème du « Bon Pasteur » déjà présent dans l’Ancien Testament.

Dans la civilisation biblique, profondément pastorale, la relation du berger à son troupeau, fondée sur l’autorité bienveillante et la confiance apparaît comme une évidence pour désigner la relation entre Dieu et son peuple. Le psaume 22 en est peut-être l’expression la plus connue : « Le Seigneur et mon berger, je ne manque de rien, sur des prés d’herbe fraiche il me fait reposer. ».  Dieu confie son peuple à des hommes qui jouent ce rôle de pasteur, Moïse, Josué, David entre autres. Cependant, les prophètes utilisèrent l’image du pasteur surtout pour dénoncer les « mauvais pasteurs », ceux qui ne sont pas fidèles à leur mission et ne se soucient pas du troupeau (Jérémie 23 ; Ezéchiel 34). Ils annoncent que Dieu lui-même prendra soin de son troupeau et choisira des pasteurs selon son cœur.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus assume pour lui-même le titre de Bon Pasteur, accomplissant ainsi la figure prophétique. Il apparaît comme le pasteur qui guide et protège au-delà même de la mort. Reprenons le Psaume 22 : « Si je traverse les ravins de la mort je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure ». Cette image s’applique en premier lieu à la mort physique, dans laquelle le Christ nous a précédés. Il en est sorti victorieux par sa résurrection et veut nous associer à cette victoire. Mais cette image s’applique aussi aux ténèbres de notre vie présente, la souffrance, la maladie, le péché, déjà il est avec nous pour nous guider et nous permettre de les traverser.

P. Vincent Thiallier