Cette question que Jésus ressuscité pose par trois fois à Simon-Pierre est véritablement essentielle et redoutable !
Essentielle parce que la foi chrétienne est avant tout une histoire d’amour; redoutable parce qu’elle met en lumière toutes les limites et les insuffisances de notre vie chrétienne…
La pauvreté de notre langue française utilise le même mot, « Amour », pour désigner trois manières d’aimer, que la langue de l’Evangile, le grec, distingue clairement : EROS, PHILIA et AGAPÈ.
A Pierre, Jésus ne parle pas de cet amour possessif qu’est l’EROS : quand il y avait en Simon cette volonté de décider à la place de Jésus il s’était entendu traiter de Satan !
Dans les deux premières questions au bord du lac Jésus demande à Pierre s’il a pour lui de l’AGAPÈ, c’est-à-dire cette manière d’aimer qui est propre à Dieu et qui ne veut que SE DONNER.
Par deux fois Simon répond à côté : oui, Seigneur, j’ai pour toi de la PHILIA… Cette sorte d’amour d’amitié, qui respecte l’autre , mais qui a du mal à se donner.
Et la troisième fois Jésus pose une question nouvelle : « Pierre, as-tu pour moi de la PHILIA ? » Réponse : oui Seigneur ! Jésus s’ajuste à l’amour dont Pierre est capable ce jour-là et après un triple reniement. Il faudra attendre la Pentecôte, la mission de Pierre à travers le monde et enfin son martyre dans la ville de Rome pour qu’il ose dire et montrer dans les faits qu’il a en lui l’AGAPÈ, cet AMOUR PROPRE À DIEU qui ne cesse de se donner.
ET NOUS ? Où en sommes-nous ? Quelle est la qualité de notre amour envers Dieu et envers nos frères et sœurs (parents ? Epoux ? Enfants? Amis ? Collègues ? Etrangers ?)
Laisserons-nous l’Esprit Saint nous remplir d’AGAPÈ ou de PHILIA (l’amour qui prend le temps d’écouter l’autre) ou en resterons-nous à l’EROS, l’amour qui ne sait que posséder et dominer ?
P. Philippe Dumas