« Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer » (Is 11, 10).
Cette promesse de la disparition du mal de la montagne du Seigneur peut nous paraître une perspective lointaine. Dans le contexte du livre d’Isaïe, la montagne du Seigneur désigne le mont du temple à Jérusalem, c’est-à-dire le lieu de la présence de Dieu au cœur du monde. La présence simultanée du mal et de la corruption y est contradictoire. Le Dieu de bonté se trouve associé au mal, le Dieu de vie se trouve associé à la corruption, qu’il faut comprendre au sens premier de putréfaction.
La montagne du temple, lieu physique de la présence du Seigneur trouve une interprétation nouvelle à partir de l’évangile : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » dit Jésus après avoir chassé les marchands (Jean 2, 19). L’évangéliste ajoute ce commentaire face à la surprise des auditeurs : « lui parlait du sanctuaire de son corps. » Désormais, la présence de Dieu au cœur du monde n’est plus un lieu physique, délimité par des murs, mais le Christ lui-même, présent sous différentes modalités, son corps offert dans le sacrement de l’eucharistie ; son corps dans l’assemblée des baptisés qu’est l’Église.
L’oracle d’Isaïe en annonçant la fin du mal dans le lieu même de la présence de Dieu, décrit une situation que nous ne pouvons que constater. Depuis sa venue dans le monde, le Christ est confronté au mal et à la puissance de la mort. Il l’est encore aujourd’hui dans l’Église. Or le prophète annonce la fin du mal : « car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » L’image est parlante : l’eau s’insinue dans la moindre anfractuosité du fond des mers. Puisse la connaissance du Seigneur remplir nos cœurs et nos âmes jusque dans les recoins les plus obscurs.
P. Vincent Thiallier