Il a beau multiplier ce genre d’expériences, il en a encore les yeux tout humides. Je parle du frère Olivier, moine d’Abu-Gosh, cette abbaye bénédictine construite sur le lieu de l’ »Emmaüs des Croisés », entre Jérusalem et Tel Aviv. Dans un pays où l’on est souvent tenté de ne pas croire à la paix, il me raconte la prière, dans l’église de son monastère, de cent-cinquante jeunes effectuant, pour l’Etat d’Israël, une préparation militaire. Trente sont Druzes, les autres sont Juifs.
Ils prient ensemble un extrait du verset 4 du psaume 22 : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ». Et lui, le frère Olivier, leur parle. Comme pour Jésus expliquant ce qui le concerne dans les Ecritures, à Emmaüs justement, je ne saurai pas ce qu’il leur dit, il est trop modeste pour cela. Il me dit juste par quoi il conclut : « vous allez vivre un entraînement militaire, souvenez-vous de ce verset. Là, comme dans toute votre vie, Il sera avec vous ». Et il me confie que l’un d’eux, effondré, vient se jeter dans ses bras pour pleurer sur son épaule.
Il poursuit : « Des Juifs, des Druzes, proches de l’Islam chiite, ici à Abu Gosh, un village sunnite, dans une église catholique ! Quel cadeau de Dieu ! Vous voyez, mon Père, notre mission, ici, c’est cela ».
Emmanuel TOIS +