Ce verset, tiré de la première lecture de ce dimanche (Livre de Néhémie 8, 10) peut susciter de l’étonnement : comment la joie pourrait-elle être un rempart ?
Il convient de le replacer dans le contexte du livre de Néhémie, petit livre de l’Ancien Testament, associé à celui d’Esdras qui rapporte les épisodes de la reconstruction de Jérusalem et le retour des exilés après la déportation à Babylone, à partir de 538 avant l’ère chrétienne. Le Roi Perse Cyrus proclame l’édit qui autorise ce retour. Il est présenté comme le libérateur du peuple, mais au-delà, c’est Dieu lui-même qui est présenté comme l’auteur de ce retour et de la reconstruction après les temps d’épreuves. Il n’abandonne pas son peuple. Le nom de Néhémie à qui est attribué ce livre signifie d’ailleurs « Dieu est notre consolation ».
La joie du Seigneur est associée à la proclamation de la Loi de Dieu par le prêtre Esdras et l’assentiment du peuple qui l’écoute. Cela se situe sur une place de la ville devant les remparts qui viennent d’être relevés. Les remparts de pierres ont une double fonction : d’une part, ils délimitent la cité, symbolisant le rassemblement de ceux qui en franchissent les portes. D’autre part, ils ont une fonction militaire, offrant une protection face aux ennemis. Or sur ce point, les remparts de Jérusalem n’avaient pas empêché les assauts des armées de Nabuchodonosor, cinquante ans plus tôt.
Si la joie du Seigneur nous est donnée comme un rempart, ce n’est pas pour nous préserver des divisions, des conflits, des catastrophes du monde, pas plus que le peuple de Dieu à l’époque de Néhémie. Mais au cœur des situations catastrophiques que nous connaissons, individuellement, en famille, ou à l’échelle du monde, et la joie du Seigneur nous est donnée comme signe de rassemblement pour écouter sa parole et y adhérer. En cela, Dieu est notre consolation.

P. Vincent Thiallier