Même si nous y sommes habitués d’année en année, nous pouvons être surpris d’entendre la lecture de la Passion, le dimanche où nous célébrons l’entrée de Jésus à Jérusalem. Pourquoi ne pas célébrer seulement cet évènement et réserver la Passion au vendredi, suivant en cela l’ordre des jours décrit dans l’évangile ?
Il y a une raison historique : les chrétiens de Jérusalem, sur les lieux même des évènements, célèbrent l’entrée de Jésus à Jérusalem le premier jour de la semaine sainte, telle que la rapporte l’évangile de saint Jean (12, 1). Il fallut attendre plusieurs siècles pour que cette fête se répande dans la partie occidentale de l’empire. A Rome ce même dimanche était celui de la Passion plaçant toute cette semaine sous le signe de l’offrande de Jésus sur la croix pour parvenir le dimanche suivant à la célébration de la Résurrection. Depuis le VIIIe, les deux usages sont rassemblés dans la même messe.
Cette juxtaposition n’est pas seulement le fruit d’un compromis un peu hasardeux, mais elle permet d’entrer dans l’attitude même de Jésus. La liturgie ne reproduit pas seulement ses gestes et ses paroles au cours de la semaine, mais elle nous invite à entrer davantage dans sa mission. À plusieurs reprises, Jésus montre qu’il avance résolument vers sa Passion, et les acclamations de la foule lors de son entrée à Jérusalem préludent à sa condamnation (Luc 19, 47).
Nos joyeuses acclamations au début de la messe des Rameaux introduisent notre marche à la suite du Seigneur, et l’écoute de sa Passion immédiatement après fait pénétrer déjà dans l’offrande de sa vie, que nous célébrons dans l’eucharistie. Que les célébrations de cette semaine sainte nous conduisent à la gloire de sa résurrection.

P. Vincent Thiallier