Tous les pharisiens ne sont pas comme celui de la parabole; tous les publicains ne sont pas comme celui de la parabole. Jésus n’est pas venu dresser les uns contre les autres ! Cette parabole est bien plus un appel à réfléchir sur notre propre manière de prier.
Trois manières :
1) Prier comme un riche, c’est se regarder soi-même, se contempler, se tenir debout « à hauteur de Dieu », se croire le meilleur et se comparer aux autres qui ne sont que « voleurs, injustes et adultères »!
C’est être si riche de soi et de ses mérites qu’on demande à Jésus de « tomber à nos pieds et de se prosterner devant nous », comme le Tentateur de l’Evangile (cf. Mt 4/9). « Qui s’élève sera abaissé » !
2) Prier comme un pauvre, c’est reconnaître toutes nos misères et nos fragilités : se reconnaître « pauvres » et sans ressources, « opprimés » et sans liberté, « orphelins » sans le soutien de parents, « veufs et veuves » sans appui et sans tendresse. C’est encore se tourner vers le Dieu Sauveur et ami de son peuple qui appelle Moïse au milieu du Buisson Ardent : « Oui j’ai vu la misère de mon peuple; j’ai entendu ses cris ! ». Comme le dit Ben Sira le Sage, la prière du pauvre traverse les nuées et « les larmes de la veuve coulent sur les joues de Dieu » (Si 35/18). Quelle proximité entre Dieu et les pauvres !
3) Prier comme un pécheur c’est reconnaître la responsabilité qui est la mienne et la distance énorme qui demeure en moi entre l’appel reçu (je suis créé « à l’image » de Dieu) et ma réponse lamentable qui m’éloigne de ma « ressemblance » avec Lui : « Je ne fais pas le bien que je voudrais et je fais le mal que je ne voudrais pas ! » (Rm 7/16).
Prier comme un pécheur c’est me frapper la poitrine en demandant à Dieu de m’aider à changer, à me convertir et à m’ouvrir à sa présence comme Zachée descendant de son arbre, et ouvrant à Jésus la porte de sa maison : Qui s’abaisse sera élevé ! C’est la loi de l’amour véritable. Apprenons de Jésus tout l’art du « prier vrai » !
P. Philippe Dumas