Ils étaient quatre, ce jeudi après-midi, dans l’église. J’avais à peu près réfléchi à un édito, et je m’apprêtais à l’écrire. Ils m’ont retourné et fait changer de sujet.
L’un, sanglotant assis sur les marches de l’autel, ivre et terrassé par la mort de son fils, qu’il venait d’aller voir, comme il m’a dit, au cimetière. L’autre, dans une autre réalité que la nôtre, inaccessible à la moindre parole et même à un regard, qui priait Dieu par des gestes spectaculaires. Un troisième, endormi, probablement ivre aussi, sur les chaises de l’oratoire. Et un dernier, à la rue, demandant un chapelet « plutôt que de l’argent ». Tous les quatre, là ensemble et si différents.
Scènes de la vie ordinaire, me direz-vous. Sans doute. Mais quelle tristesse que l’ordinaire de cette vie. Car ils étaient quatre, chacun à la recherche d’un mieux être … Mais combien d’autres, ici, à nos portes ? Ceux que nous connaissons bien dans le quartier, ceux qui arrivent un jour, comme cet homme si charmant qui dort depuis presqu’un mois sous le porche du presbytère, ceux qui disparaissent, partis sans mot dire soit vers d’autres cieux soit vers le Père …
Dans quelques jours, nous répondrons à nouveau à l’appel du Pape François qui a institué une Journée mondiale des pauvres. Que Dieu nous donne d’oser croiser ces regards, de porter vraiment dans notre prière ces personnes croisées ici ou là, qu’il « donne à chacun(e) la claire vision de ce qu’il doit faire et la force de l’accomplir » !
Père Emmanuel Tois