Peut-être avons-nous entendu dans notre enfance, le conte anglais de James Halliwell, rendu populaire par un film de Disney en 1933 : les trois petits cochons. Si je le mentionne , c’est qu’il illustre la conclusion du discours de Jésus qui nous entendons depuis trois dimanches dans l’évangile (Luc 6, 20 – 49). Saint Luc adresse son évangile à un ancien païen, Théophile (chapitre 1, 3), il est donc attentif à souligner ce que le message du Christ a de nouveau par rapport aux sagesses traditionnelles que pouvait déjà connaître Théophile.
Trois petites paraboles, devenues proverbiales, se succèdent. Un aveugle ne peut pas guider un autre aveugle ; la poutre de son œil empêche de retirer la paille de l’œil de l’autre ; l’arbre mauvais ne donne pas de bons fruits. De là ressort un enseignement de vie chrétienne qui vise surtout la cohérence entre les actes et les paroles. Le début du carême, mercredi 5 mars, va interrompre la lecture continue de l’évangile de saint Luc que nous ne reprendrons que le dimanche 6 juillet, après le temps pascal et les fêtes liturgiques qui le prolongent. Nous n’entendrons donc pas la fin de ce discours de Jésus (les versets 46 à 49), qui propose une autre parabole : deux hommes construisent leurs maisons, l’un sur le sable, l’autre sur le roc, la première est emportée par le torrent alors que la seconde résiste.
C’est là que reviennent les petits cochons qui construisent eux aussi des maisons plus ou moins résistantes. Ce conte invite à développer une capacité d’anticipation et de courage dans l’adversité ; ne pas choisir la facilité et le plaisir comme principes d’action, mais les soumettre au principe de réalité et de prudence. Voilà une sagesse commune, comme celle que connaissait Théophile, qu’il est bon de réentendre. Cependant, Jésus ajoute un élément dans son discours : fonder cette sagesse sur lui-même et la loi de Dieu. C’est le cœur de son enseignement qui ne contredit pas la sagesse commune mais la déploie et lui donne plus de profondeur.
P. Vincent Thiallier