Je vous propose l’étonnement comme remède au risque d’être blasé ; c’est-à-dire éprouver un certain mépris ironique sur les situations et les personnes jusqu’à l’indifférence. Mais de quoi nous étonner ?

Ce dimanche, l’action de Dieu dans la vie sacramentelle est placée sous nos yeux. Dix-sept enfants de la paroisse et jeunes de l’aumônerie reçoivent le baptême, au cœur du temps pascal, dans le prolongement des célébrations de la résurrection du Seigneur et des baptêmes d’adultes. Parmi eux, les collégiens et lycéens font leur première communion.  Premier sujet d’étonnement : Dieu appelle, Dieu donne sa vie, Dieu nourrit. Nous en bénéficions, mais risquons de nous y habituer. Puisse le témoignage de ces jeunes nous renouveler.

Ajoutons un autre sujet d’étonnement : le nombre des baptisés adultes et adolescents augmente depuis trois ans en France, dans des proportions significatives. Cependant cette période a été marquée par des révélations d’abus spirituels et sexuels dans l’Église qui devrait plutôt repousser qu’attirer. Je ne m’avancerai pas dans une analyse sociologique qui n’est pas dans mes compétence. En revanche je ne peux m’empêcher de penser à cette parole entendue par saint Paul : « Ma grâce te suffit dit le Seigneur, car ma puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12, 9). Ces baptêmes ne sont pas le fruit d’une stratégie pastorale réussie ou d’un exercice de séduction pour attirer. Ils sont l’expression de la puissance divine qui se déploie malgré et même au cœur de nos faiblesses.

Il y a bien des raisons d’être blasé en regardant autour de nous les innombrables situations de conflits, de détresse et d’instabilité. La prière que je formule est de nous laisser étonner par l’œuvre de Dieu, afin de déployer notre espérance pour continuer à agir modestement à notre place.

P. Vincent Thiallier