Cette phrase de Jésus pourrait apparaitre cynique (Marc 14, 7) car elle semble constater qu’il n’y a rien à faire contre la pauvreté.
En cette 6e « journée mondiale des pauvres », promulguée par le pape François, il convient peut-être de s’arrêter sur cette citation.
Au cours d’un repas à Béthanie, une femme s’est approchée de Jésus pour lui verser sur tête un parfum de grand prix. Les disciples s’en offusquent, le parfum aurait pu être vendu et le prix donné aux pauvres. Or Jésus qualifie ce geste de beau et annonce qu’on en gardera mémoire. Est-ce parce qu’il se désintéresse des pauvres ? Non ! Et saint Marc complète la formule : « des pauvres vous en aurez toujours, et vous pourrez leur faire du bien ! Mais moi, vous ne m’aurez pas toujours […]. D’avance, elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. »
Jésus indique le sens de ce geste, il annonce la mise au tombeau. Dans l’évangile, ce récit se place au début de la Passion et provoque la décision de Juda de livrer Jésus. Cette femme pose donc un geste prophétique, que les disciples ne comprennent pas, parce qu’ils n’ont pas encore vu que Jésus s’est fait pauvre pour eux. Puissions-nous, en mémoire du geste de cette femme, reconnaitre Jésus dans les plus pauvres.

P. Vincent Thiallier