« Elle a tout donné, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Une veuve… Une pauvre veuve…C’est presque un pléonasme.

La quasi totalité des veuves en Israël sont pauvres, vivant en marge de la société.

Ne sont-elles pas associées souvent dans l’Ancien Testament aux orphelins et aux étrangers auxquels il faudrait faire une place justement parce qu’elles n’en n’ont pas ?

Elle a tout, cette pauvre femme, pour passer inaperçue aux yeux de la foule, alors que les riches déposent de façon ostentatoire de grosses sommes.

Une fois de plus le regard de Jésus n’est pas le nôtre.

Lui voit cette veuve déposer ses deux piécettes.

Lui comprend son geste à sa juste valeur, qui est immense : « Elle a tout donné ».

Non seulement Jésus voit mais il fait voir.

Il interpelle ses disciples -qui bien sûr n’ont rien vu- et leur révèle la profondeur de ce qui se passe sous leurs yeux aveugles, la radicalité du don de cette femme.

Cette scène, dans un premier temps, nous interroge sur notre capacité à donner, nous qui (au moins pour la plupart d’entre-nous) ne donnons que de notre superflu.

Que donnons-nous ? A qui ? Pourquoi et comment ?

Quelques questions à ne pas juger comme superflues.

Mais, plus encore, cet épisode interroge notre regard sur ceux que la société ne regarde pas.

Les croyons-nous capables de gestes étonnants comme celui de la pauvre veuve de l’Evangile ?

Souvent les exclus nous gênent par leur comportement.

Voulons-nous rejoindre le regard du Christ sur ces personnes ?

Père Gérard BOËT