« « Il vit et il crut » (Jean 20, 8). Que vit-il ? Non pas Jésus lui-même, qu’il rencontrera plus tard avec les autres apôtres, mais seulement les objets funéraires, les linges restés en place. Non le Ressuscité, mais seulement ces objets qui, pour les yeux de sa foi, deviennent des signes : les linges affaissés et, roulé à part, le tissu qui avait recouvert la tête de Jésus.
Dans ce qu’il perçoit, le disciple bien-aimé « voit » la résurrection de Jésus : « Il crut. »
Dans le quatrième évangile, la source première de la foi en la résurrection de Jésus n’est pas d’abord la rencontre du Ressuscité lui-même. Elle viendra par la suite. Pour le vrai disciple, un simple signa suffit. Comme nous devrons nous en contenter. Au matin de Pâques, ce signe, c’est le tombeau ouvert et vide. Ambivalent, donc, comme tous les signes. Il a pu d’ailleurs être interprété autrement, dès l’origine : Marie-Madeleine a d’abord pensé à un rapt du cadavre et les autorités ont cherché à faire courir le bruit de son enlèvement par les disciples eux-mêmes (voir Matthieu 28, 11-15). La résurrection de Jésus n’a donc jamais été de l’ordre de l’évidence, mais dès le départ, de la foi qui se risque. « Il vit et il crut », témoigne l’évangéliste, mais il est clair que ce qu’il crut était très au-delà de ce qu’il a pu voir.
Il n’est donc pas si éloigné de ce que seront appelées à vivre les générations qui suivront. »

Jean-Noël Bezançon
Prêtre