Nous entendons ce dimanche un passage de la lettre aux Hébreux, dans laquelle l’auteur met dans la bouche du Christ un verset du psaume 39-40 : « En entrant dans le monde, le Christ dit : “Tu n’as voulu ni sacrifice, ni offrande, mais tu m’as formé un corps, […] alors j’ai dit : ‘Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté, ainsi qu’il est écrit pour moi dans le livre’” » (Hébreux 10, 5.7).
L’auteur met en scène un dialogue en Dieu, entre le Père et le Fils, au moment de l’incarnation, c’est-à-dire la venue du Christ parmi les hommes. Celui-ci, exprime son adhésion à la volonté du Père en citant le psaume 39-40, 7. On pénètre en quelque sorte dans l’intimité des personnes divines. Mais si nous allons voir ce psaume 39-40 dans l’Ancien Testament, il y a une différence importante : il ne dit pas « tu m’as formé un corps » mais « tu as ouvert mes oreilles » (verset 7). D’où vient cette différence ?
Au troisième siècle avant l’ère chrétienne, la bible hébraïque est traduite en grec pour les juifs dispersés qui ne parlent plus l’hébreux. Comme toute traduction, cela implique des choix pour transcrire certains mots, c’est ainsi que les oreilles du psalmiste sont devenues un corps. C’est cette traduction que cite la lettre aux Hébreux. Pour montrer la nouveauté radicale que représente la venue du Christ sur terre la mention « tu m’as façonné un corps » s’applique parfaitement.
Mais lorsque nous-mêmes nous disons le psaume d’après le texte hébreu : la phrase « tu as ouvert mes oreilles » nous permet de nous associer à ce qui se passe au moment à Noël. En Jésus, Dieu le Père façonne un corps à son Fils pour qu’il vienne à notre rencontre. En Jésus, Dieu le Père ouvre nos oreilles pour que nous puissions écouter ce même Fils, son Verbe éternel.
P. Vincent Thiallier