La première lecture de ce dimanche, tirée du livre de Baruch, annonce le retour des exilés, dans un cortège triomphal. A cette occasion, le prophète annonce : « Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie » (Baruch 5, 7). Une telle description évoque plus le chantier d’une autoroute contemporaine qu’un oracle prophétique.
Pourquoi Dieu aurait-il besoin de ce nivellement général ? « Afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu […] Car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire avec sa miséricorde et sa justice » poursuit Baruch (5, 7.9). La sécurité dont il est question n’est pas nécessairement routière. L’abaissement des reliefs et le comblement des vallées fait disparaître les anfractuosités rocheuses, les gorges encaissées, les faces nord des montagnes qui ne reçoivent jamais la lumière du soleil. Dieu veut que son peuple tout entier chemine dans la lumière de sa gloire, par conséquent rien ne peut rester dans l’obscurité.
Cette prophétie se réalise dans la venue de l’enfant de la crèche. Il n’a pas besoin d’une entreprise de travaux publics pour parvenir à ses fins. En lui, la gloire de Dieu pénètre la nature humaine et ce qui l’entoure, la pauvreté de la crèche, les ténèbres de la nuit, annonciatrices de celles de sa mort. Cet enfant annonce déjà le Christ victorieux par sa résurrection. Désormais c’est à travers nous, ses disciples, que la gloire de Dieu doit rayonner jusqu’aux recoins les plus obscurs de notre quartier, auprès de ceux qui sont frappés par la pauvreté matérielle et spirituelle, par les ténèbres de la solitude et de la maladie. Demandons à Dieu que sa gloire continue de rayonner.
P. Vincent Thiallier