Jaïre qui, tombé aux pieds de Jésus, l’avait supplié d’imposer les mains à sa fille « pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive », n’a pas obtenu ce qu’il demandait. Jésus l’a suivi mais n’est pas arrivé à temps. Elle est morte. La foule l’a retenu, pressé, et parmi elle une femme malade depuis douze ans, qui n’espérait pas autre chose que toucher son vêtement. Dès lors, pour guérir la jeune fille, il est trop tard. C’est le message que les proches de Jaïre lui délivrent : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Ce sont ces mots, « à quoi bon », qui font réagir Jésus. Les surprenant, il s’adresse ainsi à Jaïre : « Ne crains pas, crois seulement ».
Dans la tristesse, le découragement, l’épreuve, bien des « à quoi bon ? » peuvent surgir de nos cœurs. Il arrive même que nous priions, mais que, comme pour la fille de Jaïre, le pire survienne quand même. Peut-être, alors, ces paroles de Jésus sont-elles pour nous : « Ne crains pas, crois seulement ».
Si nous acceptons de les accueillir quand le désespoir nous envahit, nous sentirons à quel point c’est particulièrement quand nous souffrons que nous devenons particulièrement uniques aux yeux de Jésus. Dans cette page d’évangile, ils sont des dizaines, peut-être des centaines, qui l’entourent et le pressent. Remarquez comment subitement Jaïre, ce père angoissé, puis cette femme dont l’état n’a fait qu’empirer depuis douze ans, recueillent successivement toute l’attention de Jésus. Au milieu de foule, il est tout à elle, il est tout à lui. Si nous y prenons garde, nous nous rendrons compte qu’il en va de même pour nous. Même quand nous pensons que notre prière, comme la supplication de Jaïre, n’est pas immédiatement entendue. « Ne crains pas, crois seulement ».
Emmanuel Tois +