Au cours de dette journée nous sommes appelés à un examen de conscience pour saisir si nous sommes réellement capables d’écouter les pauvres. Le fait d’être pauvre ne peut se résumer en un seul mot. C’est un cri qui nous traverse et rejoint Dieu.
Qu’exprime le cri du pauvre ? Sinon la souffrance et la solitude, sa déception et son Espérance ?
Que cette année, et à l’avenir, cette Journée soit placée sous le signe de la joie.
Prier ensemble, en communauté, et partager. Les pauvres nous évangélisent en nous aidant à découvrir chaque jour la beauté de l’Evangile.
Ne passons pas à côté de cette occasion de grâce. En nous tendant les mains, les uns aux autres se réalise la rencontre de salut qui soutient la Foi, rend effective la charité, et donne l’Espérance pour progresser avec sûreté sur le chemin où le Seigneur vient à notre rencontre.
Nombreux sont ceux qui, dans la paroisse, sont en relation avec les pauvres, individuellement par les gestes d’entraide du quotidien, collectivement en participant à des actions initiées au sein de la paroisse ou ailleurs.
Deux d’entre elles devaient être présentées ce dimanche à la place de l’homélie : le relais cité blanche et la tournée de rue (ou maraude).
Au Relais Cité blanche arrivent, trois fois par semaine, à 12h30, des personnes de la rue – ou avec un logement, mais en grande précarité – hommes et femmes, de tous âges, du quartier ou de passage, français ou étrangers. Ils sont de plus en plus nombreux – des jeunes, mais aussi quelques vieillards qui nous bouleversent. Ils sont à la recherche de nourriture et de vêtements, mais surtout de chaleur, d’amitié, de liens sociaux, car dans la rue ils ont tout perdu.
Nous sommes quelques bénévoles à faire de notre mieux pour accueillir chacun comme il est, sans le juger, pour l’écouter avec compassion et lui procurer un moment convivial. « Je leur ouvre mon coeur » dit l’une d’entre nous.
Depuis la crise sanitaire, un repas simplifié leur a été servi grâce au Père Emmanuel, à Albane et à Valérie pendant le confinement, par l’équipe depuis – en prenant toutes les précautions d’hygiène et de distanciation nécessaires. Nous l’améliorons certains jours grâce aux plats confectionnés par Juliana.
Il nous faut gérer la violence, l’alcool, les explosions de colère, mais aussi leur tristesse et leur détresse. Ils sont tous différents. Nous essayons de répondre modestement à leurs besoins.
Mais « quelle joie de voir le beau sourire de certains » et d’entendre leurs remerciements. Ils sont sensibles à notre fidélité : nous sommes là pour eux. « Vous serez là lundi ? » Rendez-vous est pris.
« Aller vers ces hommes et ces femmes a d’abord été un défi, mais très vite ils sont devenus des amis. Les servir, c’est là qu’est ma place. Ils sont le visage du Christ. »
La tournée de rue est assurée chaque vendredi soir à tour de rôle par deux ou trois qui parcourent les rues du quartier à la rencontre des personnes à la rue. L’objectif n’est pas tant de donner que d’échanger par l’écoute et le dialogue. Ces personnes de la rue sont souvent des hommes, beaucoup de polonais, dont la vie a un jour basculé : accident de travail, maladie, alcoolisme…Les situations sont fréquemment inextricables et nombreux sont ceux qui n’ont plus l’énergie ou même la volonté de s’en sortir. Alors nous pouvons ressentir douloureusement parfois un sentiment d’impuissance. Mais il y a aussi ces sourires, ces échanges qui réconfortent, nous rendent joyeux, eux comme nous. Et puis quelle leçon pour nous que l’accueil souvent chaleureux que la plupart nous réservent quand ou pourrait s’attendre à de l’agressivité, de la révolte ! L’essentiel ne réside pas dans le café, la soupe…que nous offrons mais dans la lumière que nous pouvons apporter et qui nous est immédiatement renvoyée. Cette lumière, c’est celle du Christ.
En cette journée de la pauvreté, alors que le pape vient de publier l’encyclique « Fratelli tuti », faisons en sorte de montrer, par des actes, que la fraternité existe entre tous les hommes et qu’elle porte l’espérance d’un monde de justice et de paix.