À quoi pensons-nous lorsqu’on évoque la Parole de Dieu ? Peut-être certains pensent-ils à un livre relié plus ou moins orné, plus ou moins usé, plus ou moins poussiéreux selon l’usage qu’on en fait. On est bien loin de l’affirmation de la lettre aux Hébreux que nous entendons dans la première lecture : « Elle est vivante la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit […]. »

La dynamique vitale qu’évoque le texte à propos de la Parole de Dieu n’est pas seulement une image littéraire. Elle rend compte de ce qu’est véritablement la parole de Dieu : une personne vivante. Aux chapitres trois et quatre de la lettre aux Hébreux, cet éloge de la Parole conclut un développement sur le repos en Dieu, en commentaire du Psaume 94 : « Toujours ils ont le cœur égaré, ils n’ont pas connu mes chemins, dans ma colère j’en ai fait le serment jamais ils n’entreront dans mon repos ! »

Voilà bien l’enjeu de toute vie chrétienne : entrer dans le repos de Dieu ! Si notre engagement chrétien consiste seulement à appliquer une Loi extérieure à nous-mêmes, alors nous n’avons qu’un rapport à une lettre morte. À l’image du jeune homme de l’Évangile qui observe les commandements depuis sa jeunesse. Entrer dans le repos de Dieu c’est bien pratiquer la Loi, mais en vue d’une rencontre personnelle et vivante avec la parole de Dieu faite chair : le Christ Jésus.

Notre rapport à la Parole de Dieu ne saurait être une analyse littéraire d’un texte figé. Il s’agit de nous laisser entrainer dans sa dynamique vitale, de la laisser pénétrer en nous. Un moyen de le vivre dans la messe est peut-être de guetter une phrase ou verset, même très bref, et que nous le gardions en mémoire pendant la semaine qui suit.

P. Vincent Thiallier