Ceux qui sont allés en Terre-Sainte ont peut-être fait l’ascension du mont Thabor, qu’une tradition byzantine associe à l’épisode de la Transfiguration que nous entendons ce dimanche. La forme singulière de cette colline conique et isolée a pu justifier le rapprochement avec ce récit.
Pourtant dans l’histoire biblique, le lieu est plutôt associé à des épisodes guerriers. Car ce promontoire apparaît comme un point stratégique de surveillance. La prophétesse Déborah qui jugeait Israël, y rassemble des troupes pour vaincre le chef d’armée cananéenne, Sisera (Juges 4).
Au troisième siècle avant le Christ, les Egyptiens y construisirent une forteresse, prise par une dynastie concurrente. Ce site est resté au centre des conflits qui agitèrent la région au premier siècle avant le Christ et après. Il est difficile d’imaginer que la Transfiguration ait eu lieu au cœur d’un camps militaire fortifié. Saint Marc situe d’ailleurs Jésus vers Césarée dans la région montagneuse de l’Hermon (Marc 8, 27).
Cependant, en ces jours où un conflit d’une violence inouïe embrase à nouveau cette terre, il n’est pas sans intérêt d’associer les évènements violents du passé avec la manifestation encore cachée de la gloire de Jésus. Il n’est pas venu envenimer les conflits de son temps, mais il a manifesté la gloire de son Père.
Puisse-t-il demeurer présent au cœur des guerres contemporaines pour réconforter les cœurs affligés. Les signes de la gloire de Dieu se manifestent malgré nos propres violences. Ne nous laissons pas fasciner par le mal, mais sachons discerner la discrète présence du Seigneur : « le Thabor et l’Hermon à ton nom [Seigneur] crient de joie » (Psaume 88, 12-13).
P.Vincent Thiallier